4 septembre 2008

Mobilisation générale contre le cancer au congrès mondial de l'UICC

Du 27 au 31 août Genève a accueilli le Congrès mondial sur le cancer organisé par l’Union Internationale Contre le Cancer (UICC). Cet évènement majeur a réuni 2 500 spécialistes de 120 pays. Il a aussi mobilisé des politiques, avec deux chefs d’état présents à la cérémonie d’ouverture.
La prévention et les causes des cancers étaient au cœur du congrès. Il était beaucoup question de la prévention du tabagisme, un fort cancérigène responsable de 25 % des cas de cancers. En France, par exemple, on estime à environ 35 000 les décès annuels par des cancers dus au tabac. Les spécialistes ont aussi rappelé des conclusions de la Fonds Mondial pour la Recherche contre le Cancer (WCRF) sur l’effet bénéfique sur la santé d’une l’alimentation équilibrée, riche en végétaux et pauvre en calories, comme de l’activité physique quotidienne. Des études montrant un impact de l’alcool plus néfaste que supposé jusqu’à présent ont été évoquées, notamment car - mauvaise surprise supplémentaire - elles montrent que l’alcool augmente non seulement le risque des cancers des voies digestives, mais aussi celui du cancer du sein. La prévention du cancer du col de l’utérus par le dépistage et par la vaccination a aussi été longuement débattue.
Aujourd’hui on connaît le bénéfice des examens préventifs qui peuvent détecter tôt - et donc permettre de traiter tôt ! - certains cancers. Les améliorations et les affinements de ces techniques de dépistage ont été discutés au congrès. Mais l’UICC et les scientifiques souhaitaient aller plus loin dans le prévention ! Ainsi, ils ont présenté au congrès une étude menée dans 29 pays visant à identifier nos croyances et comportements favorisant l’apparition des cancers. Ses conclusions montrent que les gens ont tendance à surestimer l’effet cancérigène des agents extérieurs, telle la pollution, pourtant responsable de 0,5 à 5 % des cancers selon les méthodes de calcul, tout en sous-estimant les facteurs sur lesquels ils peuvent pourtant agir, comme l’alimentation, l’alcoolisme, le tabagisme, causant ensemble plus de 50% de tous les cancers ! Les populations des pays aux revenus bas ont aussi une mauvaise opinion de la curabilité des cancers. Cette conviction les mène à retarder les consultations en cas de symptômes suspects, rendant leur maladie effectivement plus difficile à soigner. Cette étude nous fournit désormais des pistes concrètes pour agir et désamorcer ces freins qui mettent en péril notre santé.
Bien entendu, les comportements individuels sont très importants, mais une action concertée à un niveau supérieur est indispensable ! L’UICC a donc fait culminer le congrès en un Sommet mondial contre le cancer. Présidé par Madame Mary Robinson, l’ancienne présidente de l’Irlande et commissaire des Nations Unies pour les droits de l’homme, ce Sommet a permis aux 63 hauts représentants politiques et experts de discuter des défis que pose le problème du cancer, notamment dans les pays en développement. La Déclaration Mondiale sur le Cancer publiée à son issue recense 11 objectifs à atteindre en l’an 2020 afin de freiner l’épidémie mondiale du cancer. Au-delà d’être un geste politique, la Déclaration se veut surtout un outil pratique pour les pays les plus concernés.
« C’est une question de droits de l’homme, et plus que tout, une question de dignité humaine. L’adoption des la Déclaration Mondiale sur le Cancer est un nouveau pas dans un vrai engagement - une vision - sur comment s’attaquer à cette énorme cause de santé mondiale » a déclaré Madame Robinson. Quand on sait que le cancer emporte aujourd’hui presque 8 millions de personnes dans le monde chaque année et que ce chiffre est susceptible de passer à presque 12 millions par an en 2030, on comprend qu’il est plus qu’urgent d’agir !

Dans les semaines à venir, ce blog reviendra sur certains des thèmes abordés lors de ce congrès. A bientôt pour plus d’infos sur la prévention du cancer !